Denon, Dominique-Vivant

[Objets collectionnés]

[Objets collectionnés]

[Objets collectionnés] Faïence, papyrii, terre cuite, bois.

[Objets collectionnés]

[Objets collectionnés]

[Objets collectionnés]

Dominique-Vivant Denon meurt le 28 avril 1825 dans son appartement du 5, quai Voltaire (aujourd’hui n^o 7), entouré de ses objets qu’il avait passionnément acquis. L’inventaire après décès dressé du 16 au 26 mai 1826 (AN, MC/RS//249) offre un premier état de la présentation de la collection dans son appartement. Situé au premier étage, le logement donne en partie sur le quai face au Louvre. La description des collections contenues dans ces pièces est à l’origine d’une analyse approfondie par Marie-Anne Dupuy-Vachey en 1999 lors de la rétrospective consacrée à Denon (Dupuy M.-A., 1999, p. 392-400) qui démontre au premier regard l’invraisemblable amoncellement de tableaux, d’œuvres, d’armoires remplies d’objets en tout genre, de meubles d’origines variées. Une impression que les contemporains de Denon n’ont pas manqué de répercuter dans les récits de leurs visites au maître des lieux. De madame de Genlis (1746-1830) qui admire le plus « les produits industriels des sauvages, leurs corbeilles d’un travail admirable, leurs coiffures, leurs ceintures, leurs tissus d’étoffes faites d’écorces d’arbres et de filaments de plantes diverses, avec un art et une adresse infinie… » (De Genlis S.F., 1825, VII, p. 31-37) à Lady Morgan (1776-1859) qui parlant d’une « chapelle de Lorette des arts », y voit « tableaux, médailles, émaux, bronzes, dessins, curiosités de la Chine, de l’Inde et de l’Égypte », présentés « dans un ordre philosophique et chronologique, dans l’intention de jeter plus de lumière sur les temps les plus reculés, et de démontrer, par quelques morceaux remarquables, les progrès de l’esprit humain » (Lady Morgan, 1817, II, p. 77-90). Ainsi naît de ces descriptions, enthousiastes pour la plupart, l’ambiguïté de ce cabinet qui oscille entre le goût pour la curiosité, hérité des Lumières et celui, nouveau, pour la taxonomie. Tout comme apparaît son propriétaire, dont la longue carrière au service des arts lui fit parcourir une partie du vaste monde et traverser les régimes politiques avec un insatiable appétit de connaissances.

N’ayant pas d’héritier direct et n’ayant pas choisi de léguer sa collection à une institution publique, le cabinet de Dominique-Vivant Denon fut mis en vente par ses neveux (Dominique- Vivant Brunet – Denon (n.c.– 1845) ; Vivant-Jean Brunet Denon 1778-1866). Les adjudications se déroulèrent dans son appartement en trois étapes. Tout d’abord les vacations des tableaux, dessins, miniatures (987 numéros) se déroulèrent du 1^er au 19 mai 1826, puis ce fut au tour de celles des monuments antiques, historiques, modernes, ouvrages orientaux (1 390 numéros) du 22 mai au 13 juin 1826, reportée au 15 janvier 1827 et enfin celles des estampes et ouvrages à figures (801 numéros) avec un supplément (66 numéros) prévue le 12 juin 1826, reportées au 12 février 1827. La vente fut accompagnée d’une Description des objets d’arts qui composent le cabinet de feu M. le Baron V. Denon, Paris, 1826, en trois volumes (Tableaux, Dessins et Miniatures par A. N. Pérignon ; Monuments antiques, historiques, modernes, ouvrages orientaux par L. J. J. Dubois ; Estampes et Ouvrages à figures par Duchesne aîné).

Constitution du cabinet

Les tableaux représentent 222 numéros soit 224 tableaux dont une cinquantaine est identifiée jusqu’à présent (Dupuy M.-A., 1999, p. 437-438 et Perronet B., 2001, p. 746). L’ensemble est loin d’offrir un panorama complet de l’histoire de la peinture contrairement à l’accrochage réalisé dans la Grande Galerie en 1810, mais les choix de Denon vont dans ce sens. Il reste attaché à faire découvrir des périodes moins connues et appréciées des collectionneurs de son temps, comme l’art des primitifs, tout en restant tributaire du goût alors majoritaire pour les écoles du nord (Hans Memling, Portrait d’homme tenant une monnaie montrant l’empereur Néron, Anvers, musée des Beaux-Arts ; Jacob Ruysdael, Paysage à la cascade, Wallace collection, Londres). Hormis cet ensemble important, les autres écoles sont loin derrière. La peinture italienne compte peu d’attributions confirmées à l’exception d’une paire de portraits représentant la Vierge et l’Ange Gabriel de Fra Angelico (ca 1395-1455) [The Detroit Institute of art], et deux panneaux de coffrets vénitiens attribués à Andrea Schiavone (ca 1510-1563) [Amiens, musée de Picardie]. Tandis que l’école française est représentée entre autres par le Gilles d’Antoine Watteau (1684-1721) [musée du Louvre], dont la présence dans le cabinet fut considérée comme atypique, et une Déploration sur le Christ mort par Charles Le Brun (1619-1690) [coll. part.] que Denon appréciait particulièrement (Dupuy M.-A., 1999, p. 445).

Plus largement, ce sont les dessins qui composent l’ensemble dont Denon était le plus fier. Sur près de 1 400 dessins (Bicart – Sée L. et Dupuy M.-A., 1999, p. 452), la priorité est donnée aux grands maîtres. Acquis dès le séjour vénitien de Denon au moment de la vente Zanetti de 1791, les dessins de l’école italienne font la part belle au Guerchin (1591-1666) et au Parmesan (1503-1540) [Bicart-Sée L. et Dupuy M.-A., 1999, p. 452]. Les écoles du nord avec Rembrandt (1606-1669) et Albrecht Dürer (1471-1528) ne sont pas en reste ainsi que l’école française, mais plus modestement. On ne saurait dissocier la passion de Denon pour l’art du dessin qu’il pratiquait avec celui de la gravure d’après les maîtres. Ses achats incessants en Italie comme en France dès son retour en 1794 montrent à quel point il tenait cet art comme fondateur des Beaux-Arts, mais aussi comme substrat de ses propres créations. Denon affectionnait la mise en relation de ses lots de dessins avec les importants recueils de gravures de Lucas de Leyde (1494-1533), de Rembrandt ou de Jacques Callot (1592-1635) qui provenaient aussi de la collection Zanetti.

La collection apparaît dans toute sa diversité avec la deuxième adjudication de la Description des Objets d’art qui composent le cabinet de feu M. le baron V. Denon...Monuments antiques, historiques, modernes, ouvrages orientaux, etc. (Dubois J.-J., Paris, 1826). Il n’est pas anodin que le catalogue de cette partie ait été rédigé par le successeur de Jean-François Champollion (1790-1832) à la tête du musée égyptien du Louvre, Jean-Joseph Dubois (1780-1846), qui fit acheter pour celui-ci dix-neuf objets (Rigaud P., 1999, p. 403).

Les 422 objets égyptiens forment un ensemble des plus complets, répartis dans tout l’appartement (Rigaud P., 1999, p. 402). L’exposition de six momies humaines et de quelques restes humains dont le pied de momie qui doit sa célébrité au roman éponyme de Théophile Gautier (1858) représente un des sommets de la visite du cabinet. Denon acquit un nombre important d’objets alors qu’il était en Égypte, mais il ne put tout emporter et eut des difficultés à faire acheminer les pièces volumineuses. Toutefois, il continua d’acheter en France en 1819 à la vente de la collection de la Malmaison (n^o 160 et n^o 244, vente Denon) et en 1822 à la vente Jannier (n^o 239 et n^o 242-243, vente Denon ; voir Rigaud P., 1999, p. 402, notes 25-26). Si la civilisation égyptienne connut, grâce au déchiffrement des hiéroglyphes par Champollion en 1822, une reconnaissance scientifique décisive, il n’en était pas de même pour d’autres contrées. Et pourtant, la Description mentionne à la suite de l’Égypte, les Monuments babyloniens et persans qui ne comptaient que cinq objets (Dubois J.-J., Paris, 1826, n^o 266 à 271, p. 57-61) à savoir un sceau-cylindre assyrien, un cachet néo-babylonien, trois cachets sassanides (Demange F., 1999, p. 413-414). Tout laisse à penser que Denon avait acquis ces pièces dans un souci de complémentarité historique nécessaire à sa démonstration. Le rapprochement entre les objets supposés provenir d’aires géographiques lointaines, lui permettait d’opposer un discours sinon de savant du moins de connaisseur à ceux qui ne voyaient dans son cabinet que la marque d’un curieux avide de beaux objets. En effet, l’autre grande particularité de cette collection était de promouvoir des objets de provenances « exotiques », destinés à ouvrir l’esprit des amateurs et à aiguiser l’appétit des savants.

Dans cette perspective, Denon réunit un ensemble significatif d’ouvrages dits « orientaux », allant des « objets arabes et persans » aux ouvrages « chinois ». Les recherches les plus récentes ont permis d’identifier certaines de ces pièces et de les rattacher à leurs origines de production. Tout d’abord, le petit nombre d’objets « arabes et persans » relevés dans la Description (23), acquis au Caire lors de la campagne d’Égypte ne permet pas de se faire une idée précise des connaissances de Denon en la matière. Certains d’entre eux, des pièces d’orfèvrerie ou de marqueterie, ont été commandés par lui-même sur place.

Plus originale, la catégorie suivante figurant dans le catalogue de vente décrit les « ouvrages hindous » représentés par 35 objets (n^o 893-928) [Dubois J.-J., Paris, p. 202-211]. Ils sont répartis en deux catégories : Sculptures et armes et Dessins. Dans la première se trouve un certain nombre de statuettes féminines en bronze représentant des divinités hindoues dont l’une d’entre elles a été identifiée par Marie-Anne Dupuy-Vachey comme étant la déesse Vishnou (xviii^e siècle, Inde méridionale), conservée aujourd’hui dans une collection particulière (Dupuy-Vachey M.-A., 2016, p. 346, fig. 8). Dans la seconde, il est fait état de 89 miniatures regroupées par lots, représentants des divinités, des portraits de souverains, des scènes mythologiques illustrant sans doute les grands thèmes épiques de la littérature hindoue. Quelques indices permettent de comprendre que Denon connaissait assez bien la culture indienne. Marie-Anne Dupuy-Vachey fait remarquer que celui-ci fut nommé membre de la Société asiatique (Asiatic Society) de Calcutta par un courrier de son président en date du 28 mars 1816, année de sa création (Dupuy-Vachey M.-A., 2016, p. 344 et note 60). Si cette nomination découle des services rendus aux artistes anglais par Denon lorsqu’il était directeur du Louvre, il n’est pas à exclure que sa connaissance de cette civilisation s’accentue avec la visite chez lui, en 1819, d’un éminent spécialiste anglais, Edward Moor (1771-1848), auteur de The Hindu Pantheon en 1810 (Dupuy-Vachey M.-A., 2016, p. 346). Moor fit cadeau d’un exemplaire à Denon et Dubois mentionne l’ouvrage comme caution scientifique des choix de ce dernier (Dubois J.-J., Paris, 1826, p. 204, note 1).

Encore plus complexe apparaît la rubrique « ouvrages chinois » qui répertorie 402 objets (Dubois J.-J., Paris, 1826, p. 211-294, n^o 929-1331), ce qui fait de cet ensemble un des plus importants de la collection. Les objets sont répartis par techniques en neuf catégories : « Terre (46) et porcelaine (99) » ; « Canne, bambou, bois de santal (29) » ; « Stéatite, corne, ivoire (17) » ; « Bronze et cuivre (21) » ; « Or et autres substances précieuses (24) » ; « Laque (122) » ; « Dessins et gravures (9) » ; « Vêtements et chaussures (32) » ; « Objets divers (10) ». Tout au long de la description du catalogue, il n’est jamais fait mention de la provenance géographique précise de ces objets et de la distinction entre Chine et Japon, principaux producteurs. L’isolement du Japon pendant deux siècles obligeait de passer par les marchands chinois ou hollandais sur l’île de Nagasaki.

Néanmoins, il est permis de dresser un premier état de cet ensemble où apparaît une profusion de petits objets, de meubles, parfois de très belle facture. Peu de pièces ont été identifiées jusqu’à présent. Le premier groupe de pièces de formes se compose de grès colorés, de terres émaillées, de porcelaines à décors et de blancs de Chine (Préaud T., 2001, p. 658) auxquels il faut ajouter 39 figurines sculptées, dont des magots chinois. Denon a, notamment, acheté des pièces à la vente Robit de mai 1801 (Préaud T., 2001, p. 658) et à la vente du secrétaire d’État Bertin en 1815 (Préaud T., 2001, p. 658). L’on sait également qu’il a fait don au musée de Céramique de Sèvres de pièces japonaises en 1808 (Préaud T., p. 658). 

Les vases en bronze, quant à eux, sont cités par paires. Aucune indication chronologique ne permet de situer leur date de fabrication et la dynastie auxquelles ils se réfèrent ; à l’exception d’un vase à parfum de forme oblongue, posé sur un plateau à quatre pieds et sur lequel figurerait une date (Dubois J.-J., Paris,1826, p. 249, n^o 1 940, note 1). Une note précise qu’il s’agirait du XV^e siècle sous la dynastie Ming (« Xuande 1425-1435 »). De la même manière, une boîte en or est qualifiée de chef-d’œuvre en parfait état de conservation (Dubois J.-J., Paris, 1826, n^o 1146).

De cet ensemble émerge la collection de laques du Japon qui compte quelques pièces majeures retrouvées par Geneviève Lacambre au cours de ses recherches pionnières (Lacambre G., L’Or du Japon, cat. exp. de Bourg-en-Bresse, Arras, 2010, p. 47-57). Elle a mis en évidence la vitalité des échanges en France sous l’Empire et la Restauration à travers la vente de collections prestigieuses. Déjà, sous la Révolution, la précieuse collection de laques de la reine Marie-Antoinette d’Autriche (1755-1793) avait été miraculeusement récupérée par le Muséum pour entrer, en partie, dans le futur musée de la Marine (Lacambre G., 2010, p. 49-50). Pour son compte, Denon se porte acquéreur d’objets provenant de la vente publique du cabinet et des magasins du marchand Philippe-François Julliot (1755-1836), le 22 mars 1802 (Lacambre G., 2010, p. 52 et Lacambre G., BSHAF, 2014, p. 13). Le catalogue dénombre 26 lots de Curiosités en laque du Japon et de Chine pour lesquelles il entra en concurrence avec William Beckford (1760-1844), grand amateur de laques, destinés à sa demeure anglaise de Fonthill Abbey (Lacambre G., 2010, p. 52). Geneviève Lacambre propose de donner une provenance Denon pour un coffret à bijoux de la collection Duthuit (Paris, musée du Petit-Palais, inv. Dut.1494 – cité dans Lacambre G., 2010, cat. s14, fig. 24, p. 43 et Lacambre G., 2014, p. 14 et note 68). Beckford se porta acquéreur d’un autre coffret japonais à la vente Denon du 15 janvier 1827 (n^o 1204) qui se trouve aujourd’hui au Victoria and Albert Museum (Lacambre G., 2010, p. 54, fig. 35 et Dupuy-Vachey M.-A, 2016, p. 349, note 69) et pourrait provenir des ducs de Bouillon, c’est-à-dire en droite ligne des héritiers Mazarin (Lacambre G., 2014, p. 14). Un cabinet japonais est également mentionné par Hélène Bayou en 1999 (Bayou H., 1999, p. 424, cat. 490, coll. part.)., correspondant au n^o 1292 du catalogue de 1826 (Dubois J.-J., Paris,1826).

Hormis les coffres et coffrets, trois boîtes en laque de la seconde moitié du XVII^e siècle, acquises par Denon se retrouvent aujourd’hui conservées au département des Objets d’art du musée du Louvre dans la collection Thiers, léguée au musée en 1881 (Lacambre G., 2010, cat. 22, 25, 69. Boîte à documents, n.inv. TH 413 ; Boîte en forme de double ovale, n.inv. TH 407 ; Boîte sphérique à savonnette, n.inv. TH 403, musée du Louvre).

Les collections extraeuropéennes réunies par Denon ne s’arrêtent pas là. La rubrique Mélanges du catalogue regroupe en effet des œuvres provenant d’Amérique et d’Océanie (Dubois J.-J., Paris,1826, p. 294-301, n^o 1332-1367, 35 lots). Si les attributions données par Dubois étaient erronées (Bresc-Bautier G. et Guimaraes S., 1999, p. 428) elles n’ont pas dissuadé les acheteurs de se précipiter à la vente Denon. Un courant d’amateurs et de savants « poussait l’administration royale à créer au Louvre un musée des peuples sauvages » (Bresc-Bautier G., 1999, p. 428-429) et par conséquent d’acheter certains lots consignés en 1829 dans l’État des objets fabriqués par divers peuples de l’ancien et du nouveau continent achetés à la vente de feu M. le baron Denon (AN/O3/1427).

Le panorama de la collection de Dominique-Vivant Denon serait incomplet si l’on omettait de revenir aux collections occidentales de cette deuxième partie qui dominent pourtant l’ensemble du cabinet. Elles dénotent une évolution notoire entre les premiers achats effectués en Italie, telle la collection de vases antiques achetée par le roi en 1786 ou la collection de monnaies et médailles avec ceux qui suivirent la période révolutionnaire. Bien que Denon restât attaché à la culture gréco-romaine, il s’est aventuré dans les siècles « obscures » du Moyen-Âge par l’achat de quelques beaux spécimens d’orfèvrerie, d’émaillerie ou d’ivoire sculpté entre autres, provenant d’ateliers européens (Chancel-Bardelot de B., 1999, p. 418-419). Il s’inscrit dans ce que Béatrice de Chancel-Bardelot appelle la première génération des collectionneurs sans scrupules d’art médiéval, les Lenoir, Edme Durand, Pierre Revoil… (Chancel Bardelot de B., 1999, p. 419) qui place le goût de Denon à la charnière de deux siècles.

Pour une histoire universelle de l’art

Lorsqu’il quitta le Louvre en 1815, Denon eût l’ambition d’entreprendre la conception d’une « histoire de l’art depuis les temps les plus anciens jusqu’à nos jours » à partir de sa collection. Il commença par faire des reproductions lithographiques de certains objets afin de les regrouper en une sorte d’encyclopédie, juxtaposant comparaison formelle et progrès technique des différentes cultures avec des notices. La renommée de son cabinet dépassait les frontières de la France, comme l’attestent ses liens avec des savants anglais comme Thoams Frognall Dibdin (1776-1847), Dawson Turner (1775-1858), Edward Moor, ou allemand comme Alexandre van Humboldt (1769-1859) qui lui apportèrent leur soutien. Pourtant, la publication ne vit pas le jour de son vivant et ce furent ses héritiers qui confièrent à Amaury Duval (1760-1838) le soin d’achever l’ouvrage en quatre volumes. Il n’est pas certain que le titre retenu, Monuments des arts du dessin soit conforme à la pensée de Denon, mais, il reflète aussi la perspective plus théorique d’Amaury Duval, celle d’une histoire générale des arts dans laquelle la place de l’objet de collection n’est plus au premier plan, contrairement au souhait de Denon (Steindl B., 2001, La Documentation graphique sur la collection de Vivant Denon et les Monuments des arts du dessin. Un essai de reconstitution, p. 769-799). L’influence de L’Histoire de l’art par les Monuments publiée par Jean Baptiste Louis Georges Séroux d’Agincourt (1730-1814) entre 1810 et 1823 n’y était pas étrangère (Steindl B., 2001, p. 772).

Article rédigé par Françoise Mardrus

Dominique-Vivant Denon died on 28 April 1825 in his apartment at 5, Quai Voltaire (today no. 7), surrounded by the objects he had acquired with such passion. The post-death inventory drawn up between 16 and 26 May 1826 (AN (French national archives), MC/RS//249), provides an initial idea of the presentation of the collection in his apartment. Located on the first floor, the apartment looked out in part over the quay opposite the Louvre. The description of the collections housed in these rooms was analysed in depth by Marie-Anne Dupuy-Vachey in 1999 during the retrospective devoted to Denon (Dupuy, M.-A., 1999, pp. 392–400), which provides an initial glimpse of the incredible numbers of pictures, works, and cupboards filled with objects of all kinds, and furniture of varied provenances; an impression that Denon’s contemporaries always mentioned in their accounts of their visits to the expert’s home. Madame de Genlis (1746–1830) admired ‘the industrial products of the savages, their beautifully fashioned baskets, their coiffures, their belts, their fabrics made from tree bark and the filaments of various plants, with infinite art and skill…’ (De Genlis, S. F., 1825, VII, pp. 31–37). Lady Morgan (1776–1859), referring to a ‘Chapelle de Lorette des Arts’, saw ‘pictures, medals, enamels, bronzes, drawings, and curiosities from China, India and Egypt’, presented ‘in a philosophical and chronological order, with the aim of shedding more light on these distant epochs and demonstrating through several remarkable objects, the progress made by the human mind’ (Lady Morgan, 1817, II, pp. 77–90). Hence, from these—mostly enthusiastic—descriptions emerged the ambiguity of this cabinet, which oscillated between a taste for curiosity, inherited from the Enlightenment, and a recent interest in taxonomy. It reflected its owner, who during his long career in the service of the arts, travelled around part of the vast world and experienced various political regimes with an insatiable appetite for knowledge.

Having no direct heir and having decided not to bequeath his collection to a public institution, Dominique-Vivant Denon’s cabinet was sold by his nephews (Dominique-Vivant Brunet-Denon (birth date unknown–1845) and Vivant-Jean Brunet Denon, 1778–1866). The adjudications were held in his apartment in three stages. Initially, the sales of the pictures, drawings, and miniatures (987 articles) were held between 1 and 19 May 1826, then those of the antique, historical, and modern monuments, and Eastern works (1,390 articles) between 22 May and 13 June 1826, delayed until 15 January 1827; and lastly, those of the prints and figurative works (801 articles) with complementary objects (66 articles), scheduled for 12 June 1826, and delayed until 12 February 1827. The sale was accompanied by a Description des objets d’arts qui composent le cabinet de feu M. le Baron V. Denon , Paris, 1826, in three volumes (Tableaux, Dessins et Miniatures by A. N. Pérignon; Monuments antiques, historiques, modernes, ouvrages orientaux by L. J. J. Dubois; and Estampes et oeuvres à figures by Duchesne the elder).

The constitution of the cabinet

The pictures represent 222 articles, that is to say 224 pictures, of which around fifty have been identified to date (Dupuy, M.-A., 1999, pp. 437–438, and Perronet B., 2001, p. 746). The ensemble was far from providing a comprehensive overview of the history of painting, in contrast with the exhibition held in the Grande Galerie in 1810, but the objects selected by Denon followed this approach. He was committed to exhibiting the less well known and appreciated periods of the collectors of his epoch, such as primitive art, while going along with the taste—which was widespread at the time—for the Northern Schools (Hans Memling,  Portrait of a Manwith a Roman Coin, Museum of Fine Arts, Antwerp; Jacob Ruysdael, Landscape with Waterfall, Wallace collection, London). Aside from this major ensemble, the other Schools were less represented. Italian painting had few confirmed attributions, with the exception of a pair of portraits representing the Virgin and the Angel Gabriel by Fra Angelico (circa 1395–1455) (The Detroit Institute of Art), and two panels of Venetian caskets attributed to Andrea Schiavone (circa 1510–1563) (Musée de Picardie, Amiens). The French school was represented, amongst others, by Gilles by Antoine Watteau (1684–1721) (The Musée du Louvre), whose presence in the cabinet was considered atypical, and a Déploration sur le Christ mort by Charles Le Brun (1619–1690) (private collection), which was particularly appreciated by Denon (Dupuy, M.-A., 1999, p. 445). 

More generally, it was the drawings that made up the ensemble that Denon was most proud of. Out of almost 1,400 drawings (Bicart-Sée, L., and Dupuy, M.-A., 1999, p. 452), priority was given to works by the great masters. Acquired during Denon’s Venetian sojourn during the Zanetti sale of 1791, the drawings of the Italian School were mainly executed by Guercino (1591–1666) and Parmigianino (1503–1540) (Bicart-Sée, L., and Dupuy, M.-A., 1999, p. 452). The Northern schools, comprising works by Rembrandt (1606–1669) and Albrecht Dürer (1471–1528), were also well represented, as well as the French school, although the latter more modestly so. Denon’s passion for the art of drawing, which he too practised, cannot be dissociated from the art of engraving after the masters. His constant purchases in Italy and France, upon his return to the country in 1794, show the extent to which he saw this art as fundamental for the fine arts and as the basis for his own creative work. Denon like to associate his lots of drawings with the large volumes of engravings by Lucas Van Leyden (1494–1533), Rembrandt, and Jacques Callot (1592–1635), which also came from the Zanetti Collection.

The collection’s diversity was evident in the second adjudication of the Description des Objets d’art qui composent le cabinet de feu M. le baron V. Denon...Monuments antiques, historiques, modernes, ouvrages orientaux, etc. (Dubois, J.-J., Paris, 1826). It was significant that the catalogue of this section was drafted by the successor of Jean-François Champollion (1790–1832) as the head of the Louvre’s Egyptian museum, Jean-Joseph Dubois (1780–1846), who acquired nineteen objects for the museum (Rigaud, P., 1999, p. 403).

The 422 Egyptian objects formed a very comprehensive ensemble and were distributed throughout the apartment (Rigaud, P., 1999, p. 402). The exhibition of six human mummies and several human remains, including a mummy’s foot, which was made famous in the eponymous novel by Théophile Gautier (1858), was one of the highlights of the tour of the cabinet. Denon purchased a large number of objects while he was in Egypt, but he could not bring everything back and had some difficulty in transporting large objects. All the same, he continued with his acquisitions in France in 1819 at the sale of the Malmaison Collection (nos. 160 and 244, Denon Sale) and in 1822 at the Jannier Sale (no. 239 and nos. 242–243, Denon Sale; see Rigaud, P., 1999, p. 402, notes 25–26). While the Egyptian civilisation—thanks to the deciphering of the hieroglyphs by Champollion in 1822—benefitted from decisive scientific recognition, the same could not be said for other lands. And yet, the Description mentioned after Egypt the Monuments babyloniens et persans, which only comprised five objects (Dubois, J.-J., Paris, 1826, no. 266 to 271, pp. 57–61), that is to say an Assyrian cylindrical seal, a neo-Babylonian stamp, and three Sassanid stamps (Demange, F., 1999, pp. 413–414). Everything suggests that Denon had acquired these objects in order to demonstrate their historical complementarity. The similarities between objects believed to have originated from distant geographical areas enabled him to convince those who saw his cabinet merely as the fruit of a curious collector of fine objects, that, even if he was not a scholar, he was at least a connoisseur. Indeed, the other major particularity of this collection was that it promoted objects from ‘exotic’ provenances, intended to open the minds of the collectors and whet the appetite of scholars.

With this in mind, Denon compiled a significant collection of so-called ‘Oriental’ works, ranging from ‘Arab and Persian’ objects to ‘Chinese’ works. Recent research has enabled some of these articles to be identified and associated with their places of production. In fact, the small number of ‘Arab and Persian’ objects documented in the Description (23), acquired in Cairo during the Egyptian campaign, does not give us a precise idea of Denon’s familiarity with the subject. Some of them—goldsmithery or marquetery objects—were commissioned by him on site.

More originally, the following category featuring in the sale catalogue describes ‘Hindu works’, represented by thirty-five objects (nos. 893–928) (Dubois, J.-J., Paris, pp. 202–211). They are separated into two categories: Sculptures et Armes and Dessins. In thefirst category are a certain number of bronze female statuettes representing Hindu divinities, one of which was identified by Marie-Anne Dupuy-Vachey as the goddess Vishnou (eighteenthcentury, Southern India), now held in a private collection (Dupuy-Vachey, M.-A., 2016, p. 346, fig. 8). The second category comprises eighty-nine miniatures grouped into lots, representatives of the divinities, portraits of sovereigns, and mythological scenes depicting no doubt the major epic themes in Hindu literature. Several clues suggest that Denon was quite familiar with Indian culture. Marie-Anne Dupuy-Vachey pointed out that he was made a member of the Société Asiatique (Asiatic Society) of Calcutta in a letter sent by its president dated 28 March 1816, the year of its establishment (Dupuy-Vachey, M.-A., 2016, p. 344 and note 60). While this nomination resulted from services rendered to English artists by Denon when was the Director of the Louvre, it cannot be excluded that his familiarity with this civilisation deepened when he was visited in 1819 by an eminent English specialist, Edward Moor (1771–1848), author of The Hindu Pantheon, published in 1810 (Dupuy-Vachey, M.-A., 2016, p. 346). Moor gave a copy of the book to Denon, and Dubois mentioned the work as a scientific backing for the objects chosen by the latter (Dubois, J.-J., Paris, 1826, p. 204, note 1).

Even more complex was the section ‘ouvrages chinois’ (‘Chinese works’), which listed 402 objects (Dubois, J.-J., Paris, 1826, pp. 211–294, nos. 929–1331), which made this ensemble one of the largest in the collection. The objects were classified according to techniques in nine categories: ‘Clay (46) and porcelain (99)’; ‘Cane, bamboo, sandalwood (29)’; ‘Steatite, horn, and ivory (17)’; ‘Bronze and copper (21)’; ‘Gold and other precious substances (24)’; ‘Lacquer (122)’; ‘Drawings and engravings (9)’; ‘Clothing and shoes (32)’; and ‘Various objects (10)’. Throughout the catalogue’s description no mention is ever made of the precise geographical provenance of these objects and the distinction between China and Japan, the main producers. Japan’s two-century long isolation obliged it to operate through Chinese or Dutch dealers on the island of Nagasaki.

Nevertheless, it is possible to get an idea of this ensemble, which comprised a profusion of small objects and furniture, sometimes beautifully made. Few objects have been identified to date. The first group of objects comprised coloured stoneware,  enamelled earthenware, and decorative and China white porcelains (Préaud, T., 2001, p. 658), complemented by thirty-nine carved figurines, including Chinese magots. Denon, in particular, bought objects at the Robit Sale held in May 1801 (Préaud, T., 2001, p. 658) and at the sale of the Secretary of State Bertin in 1815 (Préaud, T., 2001, p. 658). It is also known that he donated Japanese objects to the Musée de Céramique in Sèvres in 1808 (Préaud, T., p. 658). 

The bronze vases are described in pairs. No chronological indication specifies their date of manufacture and the dynasty they are connected with, with the exception of an oblong perfume vase, placed on a four-legged plateau, on which a date is marked (Dubois, J.-J., Paris, 1826, p. 249, no. 1 940, note 1). A note specifies that it dates from the fifteenth century during the Ming Dynasty (‘Xuande 1425–1435’). Likewise, a golden box was described as a masterpiece in a perfect state of conservation (Dubois J.-J., Paris, 1826, no. 1146).

This ensemble also included the collection of Japanese lacquered objects, which included several major pieces identified by Geneviève Lacambre during her pioneering research (Lacambre, G., L’Or du Japon, exhibition catalogue, Bourg-en-Bresse, Arras, 2010, pp. 47–57). She highlighted the vitality of commerce in France during the Empire and the Restauration as a result of the sale of prestigious collections. Already, during the Revolution, the precious collection of lacquered objects belonging to Queen Marie-Antoinette d’Autriche (1755–1793) had been miraculously recuperated by the Muséum, some of which was later added to the collections of the future Musée de la Marine (Lacambre, G., 2010, pp. 49–50). For himself, Denon bought objects in the public sale of the cabinet and shops of the dealer Philippe-François Julliot (1755–1836), on 22 March 1802 (Lacambre, G., 2010, p. 52 and Lacambre, G., BSHAF, 2014, p. 13). The catalogue comprised twenty-six lots of Curiosités en laque du Japon et de la Chine, for which he competed with William Beckford (1760–1844), a major collector of lacquered articles, intended for his English residence of Fonthill Abbey (Lacambre, G., 2010, p. 52). Geneviève Lacambre suggested a Denon provenance for a jewellery casket from the Duthuit Collection (Musée du Petit-Palais, Paris, inv. no. Dut.1494—cited in Lacambre, G., 2010, cat. s14, fig. 24, p. 43, and Lacambre, G., 2014, p. 14 and note 68). Beckford acquired another Japanese casket at the Denon Sale on 15 January 1827 (no. 1204) , which is now held in the Victoria and Albert Museum (Lacambre, G., 2010, p. 54, fig. 35, and MADV, 2016, p. 349, note 69) and may have come from the Ducs de Bouillon, that is to say in a direct line from the Mazarin heirs (Lacambre, G., 2014, p. 14). A Japanese cabinet was also mentioned by Hélène Bayou in 1999 (Bayou, H., 1999, p. 424, cat. 490, private collection), corresponding to no. 1292 in the 1826 catalogue (Dubois, J.-J., Paris,1826).

Aside from trunks and caskets, three lacquered boxes from the second half of the eighteenth century, purchased by Denon, are now held in the Département des Objets d’Art in the Musée du Louvre, in the Thiers Collection, which was bequeathed to the museum in 1881 (Lacambre, G., 2010, cat. 22, 25, 69. Boîte à documents, inv. no. TH 413; Boîte en forme de double ovale, inv. no. TH 407; and Boîte sphérique à savonnette, inv. no. TH 403, Musée du Louvre).

The extra-European collections assembled by Denon did not end there. Indeed, the section Mélanges in the catalogue comprised works from America and Oceania (Dubois, J.-J., Paris,1826, pp. 294–301, nos. 1332–1367, 35 lots). Although the attributions given by Dubois were incorrect (Bresc-Bautier, G., and Guimaraes, S., 1999, p. 428), they did not dissuade the buyers from flocking to the Denon Sale. A movement of collectors and scholars ‘encouraged the royal administration to create a museum of savage peoples in the Louvre’ (Bresc-Bautier, G., 1999, pp. 428–429) and consequently to purchase certain lots documented in 1829 in the État des objects fabriqués par divers peuples de l’ancien et du nouveau continent achetés à la vente du feu Monsieur le Baron Denon (AN/O3/1427).

The panorama of Dominique-Vivant Denon’s Collection would be incomplete if one neglected to examine the ‘Western’ collections of this second part, which predominated in the cabinet. They point to a distinct development between the first acquisitions made in Italy, such as the collection of antique vases purchased by the king in 1786 and the collection of coins and medals, and those that followed the revolutionary period. Although Denon remained attached to Graeco-Roman culture, he also explored the ‘dark’ centuries of the Middle Ages with the purchase of several fine specimens of silver and goldsmithery, enamel, and carved ivory articles, amongst others, which came from European workshops (Chancel-Bardelot, de B., 1999, pp. 418–419). He belonged to what Béatrice de Chancel-Bardelot described as the first generation of unscrupulous collectors of medieval art, such as Lenoir, Edme Durand, and Pierre Revoil (Chancel-Bardelot, de B., 1999, p. 419), which places Denon’s tastes at the turning point of two centuries.

In quest of a universal history of art

When he left the Louvre in 1815, Denon sought to use his collection to create a ‘history of art from the most ancient times until the present day’. He began by making lithographic reproductions of certain objects in order to create a sort of encyclopaedia, juxtaposing formal comparison and the technical progress of the various cultures with articles. His cabinet became famous beyond the frontiers of France, as attested by his links with English scholars, such as Thomas Frognall Dibdin (1776–1847), Dawson Turner (1775–1858), Edward Moor, and German scholars, such as Alexandre van Humboldt (1769–1859), who all supported him. All the same, nothing was published during his lifetime and it was his heirs who entrusted Amaury Duval (1760–1838) with the task of completing the four-volume work. It is not certain that the title selected, Monuments des Arts du Dessin, reflected Denon’s thinking, but, it did reflect Amaury Duval’s more theoretical viewpoint, that of a general history of the arts, in which the role of the collected object was not at the forefront, in contrast with Denon’s wishes (Steindl, B., 2001, La Documentation graphique sur la collection de Vivant Denon et les Monuments des arts du dessin. Un essai de reconstitution, pp. 769–799). This was clearly influenced by L’Histoire de l’Art par les Monuments published by Jean Baptiste Louis Georges Séroux d’Agincourt (1730–1814) between 1810 and 1823 (Steindl, B., 2001, p. 772).

Article by Françoise Mardrus (translated by Jonathan & David Michaelson)

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