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Bacot, Jacques

Statut
Publiée
Contributeur
ffravalo
Dernière modification
18/04/2024 14:46 (il y a environ 21 heures)
Type de personne
Type de personne : 
Noms
Nom : 
Bacot
Prénom : 
Jacques
Sexe : 
Nationalité : 
Naissance et mort
Date de naissance : 
4 juillet 1877
Lieu de naissance : 
Date de mort : 
18 juin 1965
Lieu de mort : 
Adresses
Type d'adresse : 
Date de l'adresse : 
1897 - 1912
Adresse : 

Château du Puy

Code postal : 
37250
Ville : 
Type d'adresse : 
Date de l'adresse : 
1913 - 1922
Adresse : 

Hôtel particulier (adresse inconnue).

Code postal : 
78000
Ville : 
Type d'adresse : 
Date de l'adresse : 
1922 - 1965
Adresse : 

31 Quai Anatole France (ancien Quai d’Orsay)

Code postal : 
75007
Ville : 
Professions / activités
Type de profession / activité : 
Lieu institution : 
Date d'activité : 
1919 - 1938
Type de profession / activité : 
Lieu institution : 
Date d'activité : 
1946 - 1951
Biographie
Commentaire biographique : 

Raymond Bacot possède une usine de céramique à Briare (Loiret), pour laquelle Jacques Bacot n’éprouve guère d’intérêt dans sa jeunesse. En revanche, étant voyageur, membre de la Société de Géographie, recevant chez lui des explorateurs, il transmet à son fils Jacques le goût du voyage, qu’il tenait lui-même d’un père grand voyageur. Jacques Bacot consulta d’ailleurs les notes de voyage de son grand-père. L’aisance financière de la famille va lui permettre à son tour de prendre la route. Il entame ainsi, en 1904, à vingt-sept ans, un périple autour du monde. Il découvre l’Asie en Indochine et fait la connaissance des Pères des Missions étrangères. Les explorations effectuées en Haute-Asie, dont il a écouté les récits, ont propulsé l’Asie centrale sur le devant de la scène, tandis que le Tibet demeure sur la carte une tache blanche. Le mythe d’un Tibet pays des sages, forteresse initiatique, est en place. En outre, les publications des missionnaires allemands au Tibet occidental, français au Tibet oriental, le développement de la photographie, permettant en 1901 la première prise de vue du Potala, les études de l’iconographie du bouddhisme tibétain, l’entrée au musée Guimet en 1903 des premières peintures tibétaines, témoignent de l’attention nouvelle dont ce pays mystérieux est l’objet. C’est dans ce contexte que Jacques Bacot effectue, de mars à décembre 1907, son premier séjour au Tibet. Il l’aborde par le Yunnan et parcourt la région frontière orientale comprise entre la Salouen, le Mékong et le Fleuve bleu, malgré les mises en garde des Pères missionnaires. Les troubles liés à la révolte des Tibétains contre la Chine, entre 1905 et 1906, viennent, en effet, seulement de s’achever dans la région, théâtre d’épisodes sanglants. La caravane de Jacques Bacot comporte deux interprètes : un pour le chinois, qui avait accompagné le prince Henri d’Orléans, un autre pour le tibétain. Malgré les dangers de la route, Jacques Bacot se présente comme un simple « touriste », non comme un explorateur, car le chemin qu’il suit pour atteindre la province tibétaine de Tsarong est déjà connu. Il sera pourtant le premier Européen à parcourir le massif du Dokerla, célèbre lieu de pèlerinage du Kham situé entre la Salouen et le Mékong, ceci après avoir échappé à la surveillance de son escorte et des autorités chinoises. Mais celles-ci le contraignent à interrompre ensuite une expédition entreprise vers le petit royaume de Pöyul, à l’ouest du Kham. Durant ce premier séjour, son âme de voyageur et d’explorateur, son goût pour la liberté, se révèlent, ainsi qu’en témoigne son récit (Bacot J., 1909). Il est aussi un observateur très attentif de la flore et de la faune qu’il dépeint avec lyrisme et l’humour qui le caractérise. Il est séduit par les Tibétains et leur sagesse, fasciné par le pays.

Il revient en France avec un Tibétain de Patong, Adjroup Gompo. En 1908, il entre à la Société Asiatique et devient élève à l’EPHE, dans la section des sciences historiques et philologiques. Il y suit les cours de Sylvain Lévi (1863-1935) qui dirigeait la chaire d’indianisme, à laquelle les études tibétaines étaient rattachées. Bacot commence la traduction d’une version tibétaine dialoguée du Vessantara jâtaka, dernière vie antérieure du Bouddha (Bacot J., 1914). Cependant, dès mai 1909, après avoir appris le tibétain parlé avec Adjroup Gompo, il repart vers le « Tibet révolté », dont il ne reviendra qu’en mars 1910 (Bacot J., 1912). Bien que la situation politique soit encore plus menaçante, en raison de la guerre sino-tibétaine, Bacot brave le danger, muni des seuls renseignements fournis par le Père Monbeig (1875-1914), missionnaire à Tsakou, sur le Mékong. Il va ainsi traverser tout le Kham, en suivant un chemin alors en grande partie inexploré. Il parvient à Lithang, à travers la région du Nyarong et cherche encore à atteindre le mystérieux royaume de Pöyul, puis Népémako, la légendaire terre promise des Tibétains, sans y parvenir. Mais il s’imprègne ainsi avec intensité de la culture, de l’âme tibétaine, et entreprend à travers ce périple une véritable quête intérieure. Il fait aussi une découverte fortuite, mais d’importance : celle de la source orientale de l’Irrawady. C’est avec grand regret qu’il quitte le Tibet, en raison de la menace chinoise et du risque de pillage des caisses de documents qu’il a réunies. Durant les hivers 1913-1914 et 1930-1931, il effectuera des séjours d’étude dans l’Himalaya, notamment à Kalimpong, au Sikkim (Lebègue R., p. 3).

Sa vocation de tibétologue va s’exercer dans de multiples directions, y compris la langue et la culture populaires. En 1912, il publie une étude sur les populations du Tibet oriental, puis en 1913, une autre sur les Mosso, ethnie très mal connue du sud-est du Kham. Cette même année, il épouse une bourguignonne, Marguerite Thénard, petite-fille du chimiste Louis-Jacques Thénard (1777-1857). Sa contribution à l’étude du tibétain, dont il admirait la richesse, fut importante. En 1914, il obtient le diplôme de l’EPHE, mais est mobilisé au mois d’août. Il devient officier dans un régiment d’infanterie territoriale, puis en septembre 1917, attaché à l’état-major de la mission militaire française en Sibérie, conduite par Paul Pelliot qu’il rencontre. Sa carrière de tibétologue débute véritablement en 1919, date à laquelle il commence à enseigner bénévolement le tibétain à l’EPHE, à la demande de Sylvain Lévi. En 1936, il devient directeur des études de tibétologie, cette direction ayant été créée à son intention. Jacques Bacot défend l’originalité de la culture tibétaine, y compris dans le domaine littéraire. Il avait rapporté de ses voyages une collection de livres tibétains, qu’il légua à la Société Asiatique, à la fin de sa vie. Nombreuses sont ses publications sur la langue tibétaine et sa grammaire. Mais il s’intéresse aussi au théâtre tibétain et fait paraître d’importantes contributions sur ce sujet. Les grands mystiques du bouddhisme tibétain retiennent également son attention et son talent de traducteur s’exerce dans la publication de la vie du poète Milarepa (1925), puis de Marpa (1937). La géographie et l’histoire du Tibet ne sont pas en reste : en 1920, Jacques Bacot devient membre du Comité français de Géographie, puis de la Commission centrale de la Société de Géographie. En 1940, le tibétologue entame notamment la traduction des documents tibétains de Dunhuang ayant trait à l’histoire du Tibet, rapportés par la mission Pelliot. Ce travail ne pourra paraître qu’après la guerre, durant laquelle il abrite chez lui une cellule de résistance. La publication a lieu en 1946, dans les Annales du musée Guimet, avec la collaboration de F.W. Thomas et C. Toussaint. L’un de ses derniers livres sera d’ailleurs, en 1962, une introduction à l’histoire du Tibet. Sa remarquable et abondante bibliographie témoigne d’un labeur mené sans relâche jusqu’à la fin de sa vie.

Article rédigé par Nathalie Bazin

Commentaire biographique : 

In his youth, Jacques Bacot was not interested in the ceramic factory owned by Raymond Bacot in Briare (Loiret). Yet, being a traveler, a member of the Geographical Society as well as hosting explorers at home, he passed his love of travel on to his son Jacques. He too had inherited this from a father who was an avid traveler. Jacques Bacot often read his grandfather's travel diary. The financial well-being of the family would lead him in turn to take to the road. At the age of twenty-seven in 1904 he undertook a journey around the world. He discovered Asia in Indochina and met the Pères des Missions étrangères. He listened to the explorations of North Asia that propelled Central Asia to center stage, while Tibet still remained a blank spot on the map. People talked of the myth of Tibet, the land of the wise. In addition, he read articles written by German missionaries about Western Tibet, French missionaries about Eastern Tibet along with the development of photography, that produced the first photo of the Potala in 1901. The studies of Tibetan Buddhism iconography along with the acquisition of the first Tibetan painting by theMusée Guimet in 1903 were testament to the new found famed of this mysterious country. It was due to this that Jacques Bacot made his first trip to Tibet from March to December 1907.Despite the warnings of the Pères Missionnaires, he arrived via Yunnan and traveled the region on the Eastern between the Salouen, the Mekong and the Blue Rivers. The bloody revolution of the Tibetans against China, between 1905 and 1906, had just ended in the region. Jacques Bacot's group included two interpreters: one for Chinese, who had accompanied Prince Henri d'Orléans and another for Tibetan. Despite the danger, Jacques Bacot presented himself as a simple "tourist", not as an explorer, because he was on a well-known route to the Tibetan province of Tsarong. He became the first European to travel the Dokerla mountains, a famous pilgrimage destination in Kham located between the Salouen and the Mekong, after having escaped being spied on by his escort as well as the Chinese authorities. But it did force him to cancel an expedition towards the small kingdom of Pöyul, west of Kham. During this first visit he reveals through his writings the spirit of a traveler and explorer as well as his taste for freedom (Bacot J., 1909). He was an apt observer of the flora and fauna which he described with his signature lyricism and the humor. He wass also seduced by the Tibetans and their wisdom; ultimately fascinated by the country.

He returned to France with a Tibetan from Patong named Adjroup Gompo. In 1908, he entered the Société Asiatique and became a student at the EPHE, in the historical and philological sciences department. He enrolled in Sylvain Lévi’s (1863-1935) courses who also headed the “Indianism Chair”, to which Tibetan studies were attached. Bacot began the translation of a Tibetan dialogued version of the Vessantara jâtaka, the previous life of the Buddha (Bacot J., 1914). After having learned spoken Tibetan with Adjroup Gompo he returned to “rebellious Tibet” in May 1909 and did not return until March 1910 (Bacot J., 1912). Although the political situation was even more threatening due to the Sino-Tibetan war, Bacot braved the danger due to information provided by Father Monbeig (1875-1914) a missionary in Tsakou on the Mekong. He crossed all of Kham, following a route that was then largely unexplored. He reached Lithang via the Nyarong region yet was unsuccessful in getting to the mysterious kingdom of Pöyul, then named Nepemako which was the legendary promise land of the Tibetans. Nonetheless, the journey became an inner quest of the Tibetan soul by his immersion in the culture. He also made a fortuitous and important discovery: finding the Eastern source of the Irrawady river. He left Tibet with great regret due to the Chinese threat and the risk of looting of the boxes of documents he had amassed. During the winters of 1913-1914 and 1930-1931 he made trips to the Himalayas, notably to Kalimpong, in Sikkim (Lebègue R., p. 3).

As a Tibetologist he studied multiple aspects of the culture including popular language and culture. Bacot published a study on the populations of eastern Tibet in 1912, then another on the Mosso, a very poorly known ethnic group in the south-east of Kham in 1913. That same year, he married Marguerite Thénard from Burgundy; granddaughter of the chemist Louis-Jacques Thénard (1777-1857). His contribution to the study of Tibetan, whose richness he admired, was significant. In 1914, he graduated from the EPHE, but was called to enlist in August. He became an officer in a territorial infantry regiment, then in September 1917 was attached to the French military mission in Siberia, led by Paul Pelliot whom he had the opportunity to meet. His career as a Tibetologist really began in 1919 when he began teaching Tibetan on a voluntary basis at the EPHE at the request of Sylvain Lévi. In 1936, Bacot became director of Tibetology studies, a position that had been created for him. Jacques Bacot continued to defend the essence of Tibetan culture, including it literature. He had brought back a collection of Tibetan books from his travels which he bequeathed to the Société Asiatique at the end of his life. Many are his articles on the Tibetan language and its grammar. But he was also interested in Tibetan theater and published some important papers on the subject. The great mystics of Tibetan Buddhism were also an interest and his talent as a translator was exemplified in the publication of the life of the poets Milarepa (1925) and Marpa (1937). The geography and history of Tibet are not to be overlooked: in 1920, Jacques Bacot become a member of the Comité Français de Géographie, then the Commission Centrale de la Société de Géographie. In 1940, the Tibetologist began translating Tibetan documents relating to the history of Tibet, brought back from Dunhuang by the Pelliot mission. This work did not appear until after the war, during which he housed a resistance group at his home. It was finally published in 1946, in the “Annals” of the Musée Guimet in collaboration with F.W. Thomas and C. Toussaint. One of his last books was an introduction to the history of Tibet, published in 1962. Bacot’s remarkable and lengthy bibliography is testament to his relentless work up to the end of his life.

Article by Nathalie Bazin (translated by Benjamin West)

Evénements
Type d'événement : 
Date de l'événement : 
mars 1907 - décembre 1907
Lieu de l'événement : 
Lien événement institutionnel : 

Mars à décembre 1907 : premier voyage au Tibet qu'il aborde par le Yunnan pour parcourir la région orientale entre la Salouen, le Mékong et le Fleuve Bleu.

Type d'événement : 
Date de l'événement : 
1909 - mars 1910
Lieu de l'événement : 
Lien événement institutionnel : 

Mai 1909 à mars 1910 : traverse le Kham jusqu'à Lithang.

Type d'événement : 
Lieu de l'événement : 
Lien événement institutionnel : 

Hivers 1913-1914 et 1930-1931 : séjours d'étude dans l'Himalaya.

Thèmes d'étude
Période étudiée : 
Aire géographique étudiée : 
Secteur fondamental d'étude : 
Technique étudiée : 
Commentaire Thèmes d'étude : 

[Objets collectionnés] ex-voto en terre cuite​.

Période étudiée : 
Aire géographique étudiée : 
Commentaire Thèmes d'étude : 

[Objets collectionnés] ​​objets en métal​, objets en os​, objets en papier maché​, objets en bois​, objets en coquillage​, objets en cuir​.

Période étudiée : 
Aire géographique étudiée : 
Secteur fondamental d'étude : 
Commentaire Thèmes d'étude : 

[Objets collectionnés] thangka, peintures narratives de la vie du Bouddha, boddhisatvas, mandalas.

Liens entre personnes
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Commentaire Type de lien horizontal : 

En 1946, Bacot publie la traduction des documents tibétains de Dunhuang ayant trait à l'histoire du Tibet rapportés par la mission Pelliot, en collaboration avec F. W. Thomas et Gustave-Charles Toussaint. (Source : Notice Agorha "Jacques Bacot" rédigée par Nathalie Bazin)

Jacques Bacot rédige par ailleurs une notice nécrologique à la mort de Toussaint. (Source : Bacot, Jacques. "Nécrologie. Gustave-Charles Toussaint", Journal asiatique, 1939, p. 125-126)

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Commentaire Type de lien horizontal : 

Louis Liotard et André Guibaut suivent les enseignements de Jacques Bacot avant de partir pour leur mission en Chine en 1936. (Source : Dupaigne, Bernard. "Histoire des collections d'Asie du Musée de l'Homme", Outre-mers. revue d'histoire, 2001)

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Commentaire Type de lien horizontal : 

Louis Liotard et André Guibaut suivent les enseignements de Jacques Bacot avant de partir pour leur mission en Chine en 1936. (Source : Dupaigne, Bernard. "Histoire des collections d'Asie du Musée de l'Homme", Outre-mers. revue d'histoire, 2001)

Bibliographies / archives
Sources en ligne
Référence de notice : 
0000 0001 2140 0095
Date de consultation : 
18/09/2020
Url document source : 
Organisme : 

Dictionnaire prosopographique de l’EPHE

Référence de notice : 
Jacques Bacot
Date de consultation : 
17/03/2022
Date de consultation : 
18/09/2020